Parmi les Quarteronnes, nulle ne se compare à l'incomparable Dahlia. Cet ultime roman de Sidonie de La Houssaye, paru après le decès de l'auteure, clôt le XIXe siècle et tire le rideau sur la Louisiane littéraire. Après Dahlia notre littérature sombrera dans un silence quasi-total où elle restera pendant trois quarts de siècle. Néanmoins ce roman offre des pages d'une incontestable beauté dans lesquelles de La Houssaye verse tout ce qu'elle avait appris au cours de sa longue carrière d'écrivaine en matière de forme de narration. Profondément influencée par Zola, mais aussi par des auteurs américains tels que Lydia Maria Child, Dion Boucicault, Harriet Beecher Stowe et George Washington Cable, l'auteure raconte l'éducation sentimental d'une Créole de couleur, Dahlia la quarteronne. Mais si les passages qui retracent la jeunesse de Dahlia sont franchement étonnants, hypnotisants même et doivent être comptés parmi les plus belles pages jamais réalisées en Louisiane, le lecteur ne peut pas oublier que dans ce Germinal louisianais ce sont les femmes qu'on exploite et cela dans les mines sociales et ténébreuses d'une Nouvelle-Orléans qui tenait la femme pour une chose. Ainsi Dahlia devient le symbole de toutes les femmes qui réclament la lumière, l'air et la liberté de se choisir une vie, digne chant de cygne de Sidonie de La Houssaye.