Dans le monde des lettres louisianaises d’expression française du XIXe siècle, l’on pourrait tenir pour atypique le parcours littéraire irrégulier de Louis-Armand Garreau (1817-1865), à cheval sur deux continents, scandé d’arrêts et de reprises d’activité, de désirs politiques avortés, d’ambitions à la littérature de prestige et de compromissions feuilletonesques, de moments de gloire et d’oubli. L’on pourrait tout autant réduire l’auteur à son seul grand roman rédigé en Louisiane et exclure du champs d’etudes louisianais les quelques recits que Garreau publia lors de son retour en France, entre deux sejours à la Nouvelle-Orleans. Ce serait toutefois mettre à l’ecart des textes qui abordent le context materiel et culturel louisianais de manière fort intéressante et qui méritent, de ce fait, de retrouver une place de choix dans le corpus des oeuvres figurant la société plantocratique créole du XIXe siècle. Les six textes réunis dans ce volume sont de provenance et d’époques diverses, et correspondent à des phases distinctes dans la carrière de Garreau. Les quatre premiers mettent en scene des personnages-types de la société louisianaise : esclaves marrons, planteurs créoles, Indiens et voyageurs. L’engagement antiesclavagiste de Louis-Armand Garreau reste une de ses contributions essentielles au champ littéraire louisianais, et par extension au monde des lettres d’expression française. Elle fut reconnue du vivant de l’auteur, et symptomatiquement, par la population noire de la Nouvelle-Orléans, comme l’indique l’acte de décès de l’auteur, publié le 30 mars 1865 dans la Tribune de la Nouvelle-Orléans. Cette réédition des feuilletons de Garreau rappelle cette contribution et rend à nouveau accessibles une série de textes qui, nous l’espérons, permettront de mieux connaitre la production d’un ecrivain dont l’importance apparaît aujourd’hui indéniable.