Louisiane, lieu du désastre : depuis septembre 2005, c’est sous le signe de la catastrophe et de la perte que notre État se donne à voir. Plusieurs se sont demandé si le pays créole et cadien réussira à s’en remettre ; tous savent qu’il ne guérira pas de sitôt.
Si cette lourde perte humaine, patrimoniale et écologique pèsera longtemps encore sur nous qui aimons la Louisiane, cette anthologie de la nouvelle louisianaise du XIXe siècle nous rappelle que d’autres aussi l’ont aimée – et qu’ils l’ont perdue : Français venus fonder un coin du Nouveau Monde, Amérindiens face à l’envahisseur, la vieille Créole fidèle aux devoirs de la Toussaint, la « Petite Rose » prisonnière d’un mariage de convenance, l’interminable cortège des amours déçus, jusqu’au jeune père témoin impuissant de l’engloutissement des siens dans un golfe du Mexique redoutable. Autant d’espoirs brisés dans cet « État » qui est aussi un « état ».
Reste à savoir dans quelle mesure l’état d’âme louisianais est condamné à la tragédie – question à l’ordre du jour s’il en est – et si c’est nécessairement à la Louisiane toute entière qu’il faut penser en lisant, au sujet de la protagoniste abattue de C.-C. Théard, que « là assise sur les gradins de pierre de l’un des côtés de l’édifice, on la trouve souvent la tête dans les deux mains regardant le passé ».
